Connaissez-vous les camps "cigarette"?
Les camps "cigarette" étaient des camps de transit pour les soldats américains, à leur arrivée en France pendant la 2ème guerre Mondiale.
Ils furent installés en Seine Maritime, à proximité du port du Havre. Le premier a été construit en 1944 et ils ont été occupés par les américains jusqu’en 1946.
Ils portaient tous des noms de marque de cigarette : Pall Mall, Lucky Strike, Wings, Home Run…les américains avaient fait ce choix afin de ne pas être localisés en cas d’écoute ennemies.
Ces camps, de par leur taille, étaient de véritables villes.
Ceux qui m’intéressent sont le camp Philip Morris, installé à Gonfreville-l’Orcher car mon père y est né en 1949 et plus particulièrement le camp Herbert Tareyton, dans la forêt de Montgeon au Havre puisqu’il y a vécu avec ses frères et sœurs et mes grands-parents.
Au départ des américains, après la libération du Havre, 3500 personnes dont 2000 enfants sont relogées dans la forêt de Montgeon qui devient alors un véritable village, où le provisoire finit par durer des années, avec ses baraquements en tôle avec eau courante et tout-à-l’égout, ses commerces, ses écoles, son église, son temple protestant, son cinéma.
Le Havre a tellement souffert des bombardements anglais qu'il va falloir des années pour tout nettoyer et reconstruire.
Toutes les personnes qui m'ont parlé de leur vie à Montgeon sont heureux de cette époque, de raconter leurs souvenirs d’enfance et pour tous ce n’est que bonheur, jeux, rires, aventures…Le marchand de journaux et ses oies, la charcuterie où papy allait chercher ses petits sachets de « gouloum gouloum », le commissariat de police...
Alors pourquoi je m’y intéresse de nouveau ?
Tout simplement par ce que j’expliquais à ma Lucie que quand j’étais petite ma mamie aussi dormait dans ma chambre quand elle venait à la maison car nous n’avions pas de chambre d’amis. Seulement moi elle dormait avec moi dans mon petit lit et elle ronflait beaucoup…haha…ce qui était magique c’est qu’elle me racontait toujours des « histoires vraies ». J'adorais, j'aurais pu l'écouter des heureux : encore une autre, encore une autre...
« Ah ! c’est quoi des histoires vraies, maman?
C’est des histoires de son enfance, de l’enfance de papy, sa façon de vivre...
Tu peux m’en raconter une ?
Mais certainement. »
Et me voilà à raconter les bêtises de mémé pendant l’exode…de celle de papy dans la forêt de Montgeon.
Et Lucie s’interroge sur le pourquoi ils vivent dans la forêt, la forêt où on va se promener et jouer ? Mais il n’y a pas de maison, ni de boulangerie ??
Mais avant oui.
Alors c’est promis, maman va te montrer des photos et on ira se promener à Montgeon, on essaiera de reconnaître les endroits.
Elle est contente et elle y tient.
J’adore. Et quand je raconte ces histoires, je sais qu’ils sont avec nous, là tout prêt, dans un petit coin du ciel, l’œil pétillant et le sourire aux lèvres…comme quand ils me racontaient ces histoires et que je les écoutais, attentive, les yeux écarquillés.